SAEH
Prof.Aziza FISSAH
Secrétaire Générale de la SAEH
La Maladie Hydatique : point de vue du clinicien
L’épidémiologie et le contrôle de l’échinococcose sont directement liés aux aspects sociaux, politiques et économiques d’une région ou d’un pays. L’impact socio-économique de l’échinococcose kystique est lié à l’infection des êtres humains et aussi du bétail, mais l’évaluation épidémiologique est difficile et en particulier la quantification des pertes économiques. Le fait est dû non seulement au manque ou à l’inadéquation des données, mais aussi à l’absence de systèmes standardisés et de méthodes appropriées qui pourraient être appliqués de la même manière dans tous les pays.
Le médecin traitant et en particulier le clinicien, quelle que soit sa spécialité, son grade, et son mode d’exercice, est confronté en plus de la souffrance de son malade atteint de maladie hydatique, qu’il doit traiter (avec comme objectif un minimum de complications et de séquelles) ou orienter vers un circuit thérapeutique adéquat, à l’inexistence de filière d’accès organisée pour la prise en charge optimale de son affection, notamment dans les pays émergeants.
Il trouve aussi de grandes difficultés à accomplir la tâche primordiale et première prérogative de sa profession, qui est la prévention. Celle-ci relevant le plus d’autres secteurs d’activité.
Pour lutter contre ces deux principaux écueils qui se dressent devant le clinicien, il doit s’organiser et mettre en place en collaboration avec tous les médecins et biologistes spécialistes concernés par la maladie, des réunions de concertation multidisciplinaires (RCP) à l’instar de celle de la prise en charge de la maladie cancéreuse, qui ont fait leur preuve en permettant de standardiser les conduites thérapeutiques et de mieux organiser les circuits de prise en charge de la maladie.
En parallèle à ces RCP, des recommandations scientifiques nationales inspirées de ceux de l’OMS, et adaptées à la réalité nationale, pour la prise en charge de la maladie hydatique doivent aussi être élaborées.
Enfin des comités d’experts nationaux comprenant des médecins cliniciens, des épidémiologistes, des vétérinaires, et des spécialistes en agronomie, doivent être érigés pour travailler en comités intersectoriels et organiser la prévention de la maladie hydatique.
SAEH
Prof. Boussad HAMRIOUI
Président D’Honneur de la SAEH
La Maladie Hydatique : point de vue du Parasitologue
En Algérie l’hydatidose à Echinococcus granulosus constitue un réel problème de
santé publique humaine et de santé animale , c’est aussi un problème économique.
– Le diagnostic de l’Echinococcose kystique humaine repose sur des arguments
épidémiologiques, paracliniques et biologiques. Différentes techniques sérologiques ont été
testées et comparées dans le diagnostic indirect de l’hydatidose. Les résultats sont obtenus en fonction de la localisation, de l’état et du nombre de kystes. Au moins 2 techniques sont
utilisées en routine.
– Des études biochimiques du liquide hydatique ont été faites sur différents lots de
liquide hydatique prélevé chez I’homme et divers animaux et au niveau de tous les organes
parasités.
– La fraction 5 (l’antigène 5) majeure et immunogène a été purifiée du liquide
hydatique. Les caractères physico-chimiques de cette fraction ont été déterminés. Celle-ci se
révèle être une glycolipoproteine.
– Des anticorps monoclonaux ont été produits contre Ia fraction 5. Ce qui ouvre de
larges perspectives dans les divers domaines tant diagnostic que thérapeutique.
– Pour bien cerner le problème de fertilité des métacestodes issus de patients atteints
d’hydatidose, un travail à long terme est entrepris.
– Une caractérisation moléculaire d’Echinococcus granulosus sensu stricto et
d’Echinococcus canadensis chez l’homme et le bétail d’Algérie a été menée dans le but de
répertorier les souches Echinococcus granulusosus s.l en circulation infectant l’homme en
Algérie. Pour cela l’identification par P.C.R séquençage des gènes mitochondriaux d’un large
panel de souches humaines d. E. granulosus sl et d’animaux herbivores a été utilisée.
– Dans un but thérapeutique, des souris blanches ont reçu en injection intrapéritoneale
des scolex prélevés à partir de kystes hydatiques d’animaux plusieurs anthelminthiques ont
été testés dans le traitement du kyste hydatique secondaire à l’inoculation. La variation de la
concentration de sulfonyde d’albeldazole dans le sérum, la membrane est le liquide hydatique en fonction du temps a été déterminée.
En parasitologie, il reste encore beaucoup de travail à faire pour pouvoir cerner réellement la maladie. Le travail en multidisciplinarité est très important pour atteindre cet objectif.
SAEH
Prof. Chafia TOUIL-BOUKOFFA
Présidente D’Honneur de la SAEH
Equipe : ‘’ Cytokines et NO Synthases/ Immunité et Pathogénie ‘’
LBCM-FSB-USTHB.
La Maladie Hydatique : point de vue du Biologiste
L’échinococcose kystique /hydatidose est une parasitose transmise à l’homme par le stade larvaire d’un cestode : Echinococcus granulosus. Elle est caractérisée par une évolution lente et silencieuse. L’adaptation étroite et durable du parasite à son hôte implique la mise en place de stratégies complexes et évolutives, lui permettant d’éviter ou de contrecarrer les mécanismes de rejet par le système immunitaire. De plus, la variabilité et la sévérité de l’expression clinique de cette parasitose sont associées à la durée et à l’intensité de l’infection mais également à la pluralité antigénique.
Les travaux réalisés par notre équipe permettront de mieux appréhender cette maladie et de mettre en place des mesures prophylactiques adéquates. Ils devraient également ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques pour cette pathologie (Labsi et al, 2016 ; 2017).Enfin, l’échinococcose kystique constitue un nouveau modèle parasitaire très prometteur pour la compréhension des mécanismes physiopathologiques impliqués dans de nombreuses pathologies parasitaires. De même, des études récentes rapportées sur les helminthiases leur octroient un atout supplémentaire dans la compréhension d’autres mécanismes physiopathologiques impliqués dans les maladies inflammatoires chroniques, l’allergie ou les maladies auto-immunes et ce, grâce à leur pouvoir immuno-régulateurs.
Les projets de recherche menés par notre équipe ‘’équipe cytokine et NO Synthases/Immunité et Pathogénie ‘’s’articulent autour des points suivants :
a- La recherche de bio-marqueurs de pronostic, de suivi de patients et d’aide au diagnostic clinique.
b- La mise au point de stratégies bio-thérapeutiques portant sur les cytokines, anti-cytokines, agents pharmacologiques régulateurs de synthèse de cytokines, biomolécules extraites de plantes.
C- L’ utilisation de composants helminthiques-hélminthothérapie en vue de d’inhiber les processus inflammatoires de pathologies inflammatoires chroniques( MICI) et maladies auto immunes à travers l’inhibition des voies TH1/TH17.
SAEH
Prof. MC. BENCHIKH EL FEGOUN
Membre de la SAEH
La Maladie Hydatique : point de vue du vétérinaire
L’échinococcose kystique est une anthropozoonose parasitaire qui représente un problème de santé publique en Algérie. Le cycle évolutif d’E. granulosus est principalement synanthropique avec comme hôtes définitifs les chiens domestiques et comme hôtes intermédiaires les animaux d’élevage.
En Algérie, le facteur influençant la persistance de l’échinococcose kystique est l’infestation des chiens après ingestion des abats parasités avec le kyste hydatique non détruits après abattage des animaux de boucherie. De nombreux facteurs de risque ( l’accès des chiens aux abattoirs non policés et aux abats potentiellement parasités, le manque d’incinération et d’enfouissement des abats saisis et le déversement des déchets dans la nature, les abattages non contrôlés…) existent actuellement et assurent la contamination des chiens. La conjugaison de tous ces facteurs de risque justifie la persistance de l’infection et la disponibilité d’une biomasse parasitaire suffisante dans les zones rurales mais aussi les zones urbaines. Le cycle domestique d’Echinococcus granulosus entre le chien (hôte définitif) et le bétail (hôte intermédiaire) est peu susceptible d’être rompu.
Devant une situation endémique de l’E.K., avec un risque potentiel de transmission à l’homme, il est urgent de prendre des mesures de contrôle pour rompre le cycle épidémiologique du parasite.
WORLD ASSOCIATION OF ECHINOCOCCOSIS
Prof.António MENEZES DA SILVA,
Ancien président de l’Association Mondiale de l’Echinococcose
L’Association Mondiale d’Echinococcose (AME) est une organisation non gouvernementale (ONG) dédiée à l’étude et la divulgation de tous les aspects liés à l’échinococcose, afin de lutter contre cette maladie à l’échelle mondiale par tous les moyens scientifiques et juridiques. Elle a les principaux objectifs suivants:
– Coopérer avec des organisations internationales, telles que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS/WHO), l’Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS/PAHO), l’Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), l’Office International des Epizooties (OIE), et les différents groupes de travail sur l’échinococcose.
– Coopérer avec les autorités gouvernementales et non gouvernementales dans tous les programmes liés à la législation sanitaire, à l’éducation, à la culture, à l’investigation scientifique et à l’amélioration technique dans le domaine de l’échinococcose.
– Promouvoir l’échange international de connaissances et d’idées dans le domaine de l’échinococcose et, dans ce but, organiser un Congrès mondial et promouvoir d’autres types de rencontres scientifiques locales, nationales ou régionales.
L’AME a été fondée le 21 septembre 1941, à Colonia del Sacramento (Uruguay), au cours de la première Conférence Internationale Sud-américaine de Lutte Contre l’Hydatidose. Actuellement, le principal objectif de l’AME est la tenue du Congrès Mondial. En 1981, en célébrant le 40ème anniversaire de l’AME, le XIIe Congrès a eu lieu à nouveau à Alger (Algérie). Son président était le Prof. Dr. Bachir Mentouri.. Enfin, en 2017, le Congrès (XXVIIe) est revenu pour la troisième fois en Afrique du Nord et en Algérie sous la présidence de Mme la Prof. Karima Achour.
Ces congrès rassemblent des scientifiques de différents pays, qui présentent les résultats de leurs recherches dans tous les domaines de l’échinococcose et échangent des connaissances et des expériences de leur travail quotidien. Cette information est un vecteur important pour répandre la connaissance sur la maladie et alerter les autorités des pays concernés sur l’importance de fournir tous les moyens pour la combattre. C’était l’une des tâches de l’Association dès le départ.
L’Association Mondiale de l’Echinococcose, consciente de ce fléau, a tout fait pour sensibiliser les autorités des pays où la maladie est endémique et mettre en œuvre des programmes de lutte contre cette maladie, dans le but ultime de l’éradiquer. Les congrès qu’elle organise régulièrement dans les zones d’endémie sont une occasion renouvelée d’alerter les pays concernés, de sensibiliser les institutions et les personnels de santé, mais aussi toute la population, au problème de santé publique et aux conséquences socio-économiques des échinococcoses.
Prof.Dominique A VUITTON
(Centre collaborateur OMS-France)
Dominique Angèle Vuitton, née le 16/12/1946 à Besançon, France, est professeur émérite d’Immunologie Clinique à l’Université de Franche-Comté (membre de la Communauté d’établissements Université Bourgogne Franche-Comté). Elle est docteur en médecine de l’Université de Strasbourg et docteur d’État en sciences de l’Université de Lille 2, titulaire d’un Master en Physiologie du Milieu Intérieur préparé à l’Université Paris XII et d’un Master en Pharmacologie Clinique et Pharmacocinétique préparé à l’Université de Franche-Comté. Diplômée dans les spécialités de Chirurgie Générale et de Maladies de l’Appareil Digestif, elle a exercé ses activités cliniques au CHU de Besançon en Médecine Interne, avec compétence en Allergologie. En France, elle est membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine et chevalier de la Légion d’Honneur.
Elle a dédié depuis 1978 une grande partie de ses activités scientifiques à l’échinococcose, d’abord dans le cadre régional sur l’échinococcose alvéolaire en Franche-Comté, puis au plan international, sur lesdeux échinococcoses, kystique et alvéolaire, principalement en Chine, combinant travail expérimental en laboratoire, prise en charge clinique des patients, et activités de terrain (dépistage de masse, recueil de données épidémiologiques) ; 165 de ses 281 publications indexées dans PubMed concernent les échinococcoses. Ces recherches ont contribué à la création de l’équipe de recherche ‘Santé-Environnement Rural/Université de Franche-Comté’, qui a depuis fusionné avec d’autres équipes multidisciplinaires pour former l’Unité Mixte de Recherche ‘Chrono-Environnement’ associée au CNRS et à l’INRA. Membre du groupe de travail associé à l’OMS pour la première étude clinique d’abord du mébendazole puis de l’albendazole chez les patients atteints d’échinococcose dès 1981, elle a coordonné le ‘WHO-Informal Working Group on Echinococcosis’ de 1995 à 2000, et jusqu’en 2003 elle a dirigé le Centre Collaborateur de l’OMS pour la Prévention et le Traitement des Echinococcoses Humaines dont elle a obtenu mandat par l’OMS en 1995 pour le CHU de Besançon et l’Université de Franche-Comté. Depuis 2004 elle s’est totalement consacrée aux activités de recherche et à l’animation de groupes régionaux, nationaux et internationaux de recherche sur les maladies en relation avec l’environnement rural, dont l’échinococcose et la protection contre les allergies. En 2004 elle a obtenu la reconnaissance du Registre Français des échinococcoses alvéolaire par l’Institut National de Veille Sanitaire, ce qui a conduit à l’identification à Besançon du ‘Centre National de Référence pour l’échinococcose alvéolaire’ en 2012, devenu en 2017 ‘Centre National de Référence pour les échinococcoses’. Ses activités en relation avec l’échinococcose se poursuivent en Chine de l’Ouest comme co-directeur scientifique du Regional Key-Lab on Echinococcosis, à Urumqi, Xinjiang, et consultant auprès du 1st Affiliated Hospital of Qinghai Medical University, à Xining, Qinghai. Très impliquée dans l’organisation de congrès internationaux sur les échinococcoses, elle a été présidente du Scientific Committee du 27th World Congress of Echinococcosis, en 2011 à Urumqi, Chine, et en 2017 à Alger.